Wednesday 15 August 2012

Les feux de la mort


« Pour tous ceux qui sont morts pour rien »

Rien ne m’attriste, rien ne m’effraie, rien ne m’étonne plus !
La sentence est la même ou presque pour tout le monde. Les criminels comme les innocents. Tout le monde périt dans la même incertitude, le même enfer !
A travers les rues défoncées de la ville mon cœur chavire et respire l’odeur macabre des morts et des vivants.

Trempés dans leur sueur et leur sang, les hommes, les femmes et même les enfants se terrent, les yeux ahuris et l’air hagard dans une mélasse de gravas et de chairs que la canonnière vient  d’accomplir. Ils ne savent pas où aller, où fuir…Et le poète continue de chanter ses verres à la con.
Le poète est toujours là, ne se souciant que de sa prose et des mots !
Le poète était déjà là, avant la guerre, chantant, tantôt les amours perdus, tantôt la grandeur de sa ville. Il ameute souvent, trop souvent des foules avides de plaisirs et de sens, qui viennent trouver le repos de l’âme. Le poète est le réceptacle des peines de ces gens perdus.
Le poète continue de déclamer ses mots sous un ciel d’accalmie empli de fumées,  d’effluves de toute sorte et de râles horribles.
Il n’y a plus de maisons ni de rues. Tout est désastre !
Au loin la canonnière continue de rugir sous un zénith en flammes, pendant que du  côté de ce qui reste comme ville, les rescapés s’organisent et fuient, groupés en file indienne vers des terres plus clémentes, vers un asile incertain.
Le poète joue sa prose et les émirs applaudissent ses chansonnettes dans un climat de fougue et de contrition, pendant que les gens meurent par milliers…sur une terre, déjà arrosée du sang des martyrs.
Les victimes sont partout sur cette terre maudite où le prix de la vie est vain ; où il n’est plus possible d’avoir  une sépulture pour les morts.
Qu’est-ce qui pousse le poète  à écrire et à lire dans un monde pris dans le feu de l’incurie et de grande injustice, au moment où le sabre doit remplacer la plume ?
Qu’est-ce qui  fait que ces émirs, repus de leur notoriété et de leur richesse, continuent à  se ridiculiser de mots et de mots…alors qu’ils doivent conduire leurs armées face à ce déluge ?   
Si ce n’est, peut-être, une volonté divine.




2 comments:

  1. Merci pour ce bel article!

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  2. C'est tres beau!j'ai vraiment apprécié! Merci

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